Le Col de l'Iseran... col mythique perché à 2770 m et depuis Bourg-st-Maurice, une ascension longue... de 47 kms !!! Haute Altitude, un dénivelé de plus de 2000 mètres et longue distance sont donc au programme du jour. Le Galibier et ses 2642 m m'avait déjà donner un aperçu de l'altitude en 2004 mais la montée était moins longue.
2 jours auparavant, c'était le Cormet de Roselend mais je me sens d'attaque pour ce monument du cyclisme. Départ assez tôt le matin car ma petite famille devait me rejoindre au sommet pour le pique-nique que j'allais atteindre 4 heures plus tard !
A la sortie de Bourg-st-Maurice, je me tape à nouveau le coup de cul menant à Séez comme pour le Petit-st-Bernard. A la sortie de Séez, je prends donc cette fois-ci la direction de l'Iseran. Durant 6 kms, ce n'est pas trop dur, la route étant ponctuée de faux-plats descendants et montants avec un petit échauffement sur 1 km à 3%. Un groupe de cyclos me dépassent en trombe, je reste cool et les laisse filer car il reste encore une quarantaine de km.
Bien m'en a pris car la route se dresse brusquement après le hameau de Viclaire, c'est le véritable début de cette ascension qui va se dérouler en plusieurs parties.
La déclivité s'est installée autour des 6/7% pour les 6 prochains kilomètres, je gère tranquillement mon effort. Il y a beaucoup de circulation, le paysage est assez moyen car on se trouve dans une vallée assez encaissée et la route est bordée de pins noirs.
J'arrive à St-Foy-Tarentaise (1060 m), il y a des travaux avec un feu de circulation qui bloque une trentaine de voitures et camions. Je me prends les gazs plein la tronche. A la sortie du village, je double 3 cyclos (en VTT) qui me semblaient être des Italiens. Je leur file un bonjour et continue à mon train.
Au bout de 5 minutes, je sens une présence dans mon dos. Les Italiens s'étaient installés sur mon portee-bagage ! Je ralentis un peu pour voir s'ils allaient prendre le relais... point de relais. Je n'aime pas trop cette attitude... je pique donc une accélération, chose que je n'avais jamais faite dans un col ! Mes "compagnons" sont lachés une cinquantaine de mètre derrière et ne tentent rien pour recoler. Bon, le cardio a vite grimpé mais les jambes sont là. Je reprends mon train.
Je traverse le village de La Thule (1205 m). Seulement 14 km depuis Bourg-st-maurice. 1 km après la sortie du village, la déclivité repasse entre 3,5 et 5% durant les 6 kms suivants, ce qui me permet de mettre un pignon de mieux et d'augmenter un peu ma cadence mais pas trop, il reste encore 33 kms !
Je jette des coups d'oeils à ma droite sur le Mont Pourri (3423 m) et ses magnifiques glaciers. 3 kms avant l'arrivée au barrage de Tignes, la pente s'accentue à nouveau à 7/8%. Les jambes sont un peu dures et le dernier kilomètre semble interminable.
Puis j'arrive au barrage de Tignes que j'avais vu 10 ans auparavant. Dans mon souvenir, il y avait un géant peint sur sa façade... ce dernier aujourd'hui était largement défraîchi et ne présentait plus vraiment d'attrait. Juste derrière le barrage se tient le magnifique Lac du Chevril.
On arrive ensuite à une transition en lègère descente et avec une succession de tunnels. Je recharge joyeusement les batteries. Juste à la sortie du dernier tunnel, on a l'impression de pénétrer dans une autre région, 2 arrêtes montagneuses coupant en fait le Lac du Chevril de la station de Val d'Isère. Le paysage est magnifique, face à moi, au-dessus de Val d'Isère se dressent la Pointe des Lessières (3041 m) et le Signal de l'Iseran (3237 m).
Je traverse rapidement Val d'Isère (1800 m). 31 km et 2h45 dans les jambes.
A la sortie de la station débute la dernière partie de l'ascension pour un total de 16 km de grimpée à 6% de moyenne. La pente s'incline donc à nouveau à 3,5/4,5% de quoi s'échauffer à nouveau mais je sens que les jambes sont dures... Après le passage du Pont de Saint-Charles, ma femme et mes enfants me rejoignent, m'encouragent puis filent vers le sommet que j'atteindrais 1h15 plus tard.
Le paysage devient minéral, il ne faut pas oublier que l'on a dépassé les 2000 mètres. La vue est superbe sur Val d'Isère avec juste au-dessus le Rocher de Bellevarde (2827 m).
Au niveau du chalet du Mollard (2325 m), les jambes deviennent vraiment dures. La pente est tout de même infernale : 300 m de dénivélé sur 4 km ! Je sers les dents et continue mon ascension. Des pencartes placées tout les kms annoncent les kilomètres restants et la déclivité de la pente. Ces dernières semblent supérieures à celles que j'avais étudiées sur un profil consulté sur internet !
Les lacets se succèdent et à l'entrée du domaine skiable de Val d'Isère, un fort vent de face s'est levé ! Le ciel est couvert, le temps devient glacial. Pour la première fois, je pose le pied à terre pour enfiler mon K-Way afin de ne pas attraper froid et retomber malade.
C'est reparti mais je suis cuit ! C'est au mental. J'enfile patiemment les 3 derniers kilomètres... et des 210 m de dénivelé restant ! ...puis VICTOIRE, le sommet du col de l'Iseran est atteint à 2770 m.
Ma femme et mes enfants m'accueillent avec joie. Je suis épuisé mais heureux fier d'avoir réalisé cet exploit : gravir le plus haut col de montagne routier des Alpes et de France. Ma femme m'offre une agréable récompense : un panier de pâtes de fruit acheté sur place ! J'en avale plusieurs d'affilé afin de reprendre des forces et de prendre le temps d'admirer les lieux. Grandioses car on se trouve vraiment au milieu des montagnes, le décor est sauvage malgré quelques remontées mécaniques. Un refuge et une chapelle toute en pierre accueillent de nombreux touristes.
Je suis obligé de me battre un peu avec la horde de motards (je me dis qu'ils n'ont pas beaucoup de mérite) pour pouvoir poser au pied du panneau qui symbolise le passage du col.
Je félicite ma femme et mes enfants d'avoir été patient et surtout d'avoir enduré le temps qui était devenu hivernal !
J'enfile 1 veste supplémentaire et amorce la descente vers le pont Saint-Charles qui était un endroit idéal (et moins froid) pour pique-niquer.
Nous avons eu même pas eu le temps de finir notre dessert : un orage s'est abbatu sur la montagne et des trombes d'eau se sont déversées sur Val d'Isère. La route du retour s'est donc faite en voiture. Dommage, 40 km de descente, c'aurait été sympa à faire mais pas de regrets car la route mouillée était très dangereuse.
Sinon, je peux vous assurer que la nuit a été très bonne ! |