Vue de l'entrée de la Vallée du Vénéon à la sortie de Bourg-d'Oisans.
Le Clapier.
Les premiers hectomètres de l'ascension de la Bérarde.
Je prends à droite direction la Bérarde. C’est parti pour une ascension de 27 km qui va m’enchanter. Il fait assez frais, il fait même assez sombre, les rayons du soleil n’atteignent pas le fond de la vallée mais éclairent les sommets et glaciers qui entourent le Rochail (3022 m) et m’offrent donc les premières minutes d’un spectacle qui va durer 2 heures ! Par contre, c'est dommage, les photos que j'ai prises ont du mal à faire ressentir la beauté des lieux.
Le début de l’ascension est facile : 2,6 km sur un faux-plat montant à 3,5% maxi. Puis la pente s’accentue d’un seul coup et passe à 6/7% durant 1,5 km qui m’ont paru un peu difficile mais j’ai l’habitude, ça me fait toujours ça lors de ma deuxième sortie de montagne. Au bout du premier effort, on tombe sur le hameau des Ougiers qui offre une courte et rapide descente. Je m’arrête au-dessus d’un petit pont pour jeter un coup d’oeil sur le Vénéon. Le bruit de son écoulement est très présent dans ce début d’ascension. Un raidard file vers la Danchère, point de départ de randonnées pédestres vers le Lac de Lauvitel qui se trouve à 1500 m d'altitude. Je reprends ma route, c’est qu’il me reste encore 23 km à grimper, c’est les vacances je sais mais il faut bûcher quand même !
A partir de là, ça se corse : 6%.
A l'entrée de Ougiers.
Le Vénéon vu depuis le petit pont après Ougiers.
La pente a repris mais tranquillement - 3,5% - et je franchis un nouveau coup de cul - 200 m à 6,5% - mais celui passe bien d’autant qu’on contourne un impressionnant rocher pour déboucher sur le Bourg d’Arud. L’endroit est propose une belle vue sur le village artisanal de Venosc qui se trouve un peu plus haut dans une espèce de vaste cuvette dominée par le Pied Moutet que l’on découvre sous un autre angle. Une télécabine permet de faire la liaison avec la station des 2 Alpes. Elle est d’ailleurs prise d’assaut par une bonne vingtaine de “VTTistes” qui vont aller dévaler les descentes de la station des 2 Alpes, une des mecques de l’enduro / freeride, termes que j’ai appris lors de mon séjour, on se cultive un peu pendant les vacances !
Un gros rocher à contourner peu avant le Bourg d'Arud.
Crête au-dessus de Vénosc. La station des 2 Alpes se trouve juste de l'autre côté.
Télécabine faisant la liaison avec la station des 2 Alpes.
Le Bourg d'Arud. Quelques jours plus tard, un tracteur en flamme a dévasté un des chalets en bas à gauche !
Il faut savoir aussi qu’il y a un Collet (alt. 1191 m) qui se trouve au-dessus de Vénosc. Pour les chasseurs de cols, accrochez les ceintures : 3 km pour 238 m de D+ à 8% de moyenne ! Je ne l’ai su qu’après mais je pense que j’aurais été le chasser au retour car j’ai fini assez frais à la fin de la sortie.
Panorama au-dessus de Vénosc avec le Pied Moutet (2339 m).
La traversée du Bourg d’Arud se fait avec une nouvelle descente (700 m) puis la pente reprend ses droits, 5% pour commencer. A la sortie du Bourg d’Arud, on traverse un pont pour commencer à gravir une énorme masse rocheuse. Un lacet, la voie se resserre, des sapins à gauche et une paroi rocheuse à droite bordent les côtés, je sens qu’on attaque ce type de route propre à la haute montagne. Le clinomètre indique 6% mais plus pour longtemps, la route prend une courbe à droite et on encaisse d’un seul coup une grosse rupture de pente. Ouch, tout à gauche et c’est parti pour 1,5 km à près de 10% de moyenne !
Je gère mon effort et je l’agrémente en jetant un coup d’oeil sur l’impressionnante paroi rocheuse tout en éboulis à gauche, j’entends le Vénéon rugir au fond du ravin. Les jambes tournent laborieusement, la pente n’offre aucun replat et la route ne présente aucun lacet pour se relancer.
Rampe à 6% jsute avant la première portion difficile.
10% !
Puis la déclivité fléchit enfin pour passer à 4%. Le relâchement est d’autant plus plaisant qu’on se prend une jolie claque en apercevant droit devant le sommet d’un blanc immaculé de la Tête des Fétoules (3459 m). La suite est sympa, on atterri au Plan du Lac (1171 m). La vallée est à nouveau très large, le Vénéon en profite pour s’étaler et coule toujours aussi vivement teinté d’une blancheur laiteuse. Un barrage retient en partie ses eaux.
Ca se calme, belle vue sur l'Aiguille de Lanchâta (2489 m).
Le Plan du Lac, mais il n'y a pas de lac, c'est le Vénéon qui est très large !
Un barrage au Plan du Lac.
La route replate encore un peu plus sur 2,4 km à 1,5%. J’apprécie ce répit et profite de l’environnement, grandiose… et là, nouvelle claque ! J’aperçois sur ma droite la route perchée à flanc de falaise près de… 150 mètres plus haut, l’effet est saisissant ! Je m’inquiète un peu du nouveau morceau à avaler… je dépasse un camping destiné au spécialistes des sports en eau vive qui peuvent profiter du déchaînement du Vénéon à cet endroit car la vallée se resserre à nouveau. Une épingle à gauche et j’entame un nouvel effort : 2,5 km à 10% de moyenne. Ca passe bien, même très bien ! J’éprouve un énorme plaisir à grimper cette route incroyable et le fait de prendre de la hauteur permet d’avoir de belles images sur la vallée que l’on peut voir dans l’autre sens !
Peu avant la seconde difficulté du jour...
... la route est perchée dans la roche 150 m plus haut !
Rampe à 8%.
Un lacet... là c'est du 9% !
J’aperçois plus bas un cyclo, c’est le premier que je vois dans la montée et j’allais sans le savoir, faire une sympathique rencontre. J’arrive au deuxième lacet… superbe : une petite cascade tombait presque sur la route ! Je m’arrête pour prendre une photo et je voulais profiter de mon cyclo pour le prendre avec ! Mais il s’arrête aussi et nous entamons la discussion. Il s’appelle Michel et est en vacances à Auris-en-Oisans pour une semaine. On lui avait suggéré de faire l’ascension de la Bérarde et jusqu’à maintenant, il ne le regrettait pas. Je lui explique que je voulais le prendre en photo avec la cascade pour alimenter mon site. On tape la discute 10 minutes tranquille assis sur le parapet. Bon, il faut reprendre la route, je le prends en photo et je lui dis qu’on se reverrait sûrement à la Bérarde ! Je le laisse filer, je vois qu’il monte costaud.
Un cyclo - Michel - est à deux doigts de prendre une douche !
La pente est à 9% mais la magie du lieu, la vue des lacets en-dessous et du Vénéon encore plus bas font que je ne ressens pas l’effort. Deux petites épingles permettent de contourner la paroi rocheuse puis on franchit le Pont du Diable. J’ose à peine regarder par-dessus le pont, le gouffre est vertigineux ! Encore une petite épingle, costaude celle-là dans les 11%, permet de se hisser à St-Christophe-en-Oisans appelé la Ville qui est le principal bourg d’une commune - 134 habitants - qui occupe 1/5ème de la superficie du Massif des Ecrins !
Un belle série de lacets !
Le soleil passe au-dessus de la crête et réchauffe St-Christophe-en-Oisans (la Ville) juste au centre de la photo.
Le village est minuscule à l’image de la route qui le traverse et qui est réduite à la largeur d’une voiture. Deux camions font une livraison au petit hôtel au centre et bloque une dizaine de voitures qui allaient attendre un bon petit moment ! Mais à vélo, ça passe sans problème et je me dis que j’allais être encore plus tranquille pour la suite de la balade d’autant que la déclivité est désormais passée en mode pianissimo avec 6% maxi durant les 2 kilomètres suivants.
La Tête de Lauranoure et ses glaciers.
Le spectacle continue : des sommets (souvent des Têtes) qui culminent entre 2500 et plus de 3000 m enrobés de glaciers ou de neiges éternelles, des cascades et même des petites qui se jettent au bord de la route ! Quelle chance d’être au milieu de tout ça, la montagne est belle, vierge de toutes constructions humaines, je mitraille de photos à tout va ! Et le soleil bascule enfin par dessus la crête Nord et réchauffe la route. Je tombe enfin la veste. Et je prends un peu mon temps, profite de l’instant et encore plus quand la déclivité passe cette fois-ci flutissimo : 2% maxi jusqu’au tout petit hameau de Champhorent.
La Casacde de la Grande Pisse.
Spectacle grandiose !
Attention, passage de chameaux...
A l'entrée de Pré Clot, la Tête du Pouyet (2834 m).
A partir de là, la route va se faire encore plus étroite, un panneau annonce pas moins une vingtaine de zones à risque d’avalanches ! Rassurant le coin ! Mais bon on est en été et la neige a quand même bien fondu. Je m’engage dans la dernière partie - environ 8 km - encore plus facile car la pente est même légèrement descendante. Parfais pour continuer à admirer le coin. Je passe sous un petit tunnel, pas besoin d’éclairage.
La route va se rétrécir, la pancarte annonce 20 passages d'avalanches !
Et le spectacle continue !
On ne s'en lasse pas !
Peu avant Champtorrent (c'est là que j'ai fait une belle petite rando pédestre un peu plus tard lors de mon séjour).
Petit tunnel creusé dans la roche.
Cascade de la Lavey.
Mine de rien, la vallée est très profonde, un ravin se dessine à gauche, le Vénéon se trouve 150 mètres plus bas à cet endroit. J’aurais l’occasion un peu plus tard lors de mon séjour d’y faire une belle balade à pied. Je franchis à nouveau un tunnel qui est plutôt un paravalanche. Il est en coude et est ajouré, par contre il faut être prudent car il ne permet le passage que d’une seule voiture.
Route bucolique, un parapet borde le ravin à droite.
Un paravalanche avec un passage très étroit.
On voit très loin vers le fond de la vallée mais on n’aperçoit pas la Bérarde que l’on découvre au dernier instant. Le fond de la vallée remonte peu à peu et on peut voir le Vénéon depuis la route. Cette dernière offre un passage sympa : une prairie - qui détonne au milieu du paysage qui est devenu plus minéral - est plombée d’une dizaine de gros rochers aux formes rectangulaires. J’appelle souvent ce type de rochers les “Géants endormis”, mes enfants ont souvent du mal à me croire quand je leur en parle !
Vers la Bérarde...
Les "Géants endormis".
Les Etages, encore un tout petit hameau avant la Bérarde.
Les derniers hectomètres, ça grimpe tout doucement.
La pente reprend un chouïa du poil de la bête avec 4% maxi, comme c’est l’euphorie depuis un bon moment, je continue à un bon rythme. Un dernier hameau - les Etages - puis je débouche à la Bérarde. Je vois alors Michel qui en fait m’attendait depuis déjà 20 minutes ! C’est vrai que j’étais étonné de ne pas l’avoir vu faire son retour car j’avais pas mal flâné. Je m’arrête et il me propose spontanément d’aller boire un pot ensemble afin de partager la joie de cette belle ascension.
Juste avant la Bérarde, on retrouve le Vénéon.
A l'entrée de la Bérarde.
Super, nous allons au bout du village, un petit pont permet de passer au dessus du Torrent des Etançons qui vient directement des glaciers et qui se jette furieusement dans le Vénéon, impressionnant ! J’emmène mon vélo jusqu’au dernier centimètre de goudron. Voilà, un bout du monde comme je les adore ! Nous choisissons la terrasse d’un restaurant - juste à côté de la chapelle dédiée aux alpinistes - pour partager nos expériences et profiter du somptueux panorama.
Michel me raconte entre autre qu’il s’est fracturé le poignet un mois et demi avant l’étape du tour 2013 à laquelle il s’était inscrite. Il a fait quand même l’étape avec son poignet à peine remis et a terminé “finisher”, fatigué mais heureux. Bon, c’est pas tout, je termine ma Bière (je n’ai que le retour à faire), Michel son Perrier (il a encore la terrible montée d’Auris-en-Oisans à faire pour rentrer !).
Le Torrent des Etançons.
La chapelle de la Bérarde dédiée aux alpinistes.
La Chapelle rend hommage aux alpinistes décédés... ce sont souvent des secouristes...
L'intérieure de la Chapelle.
Vitraux côté gauche.
Vitraux côté droit.
Michel avec qui j'ai sympathisé !
Les derniers mètres du "bout du monde".
Vue au-dessus de la terrasse où on a bu un coup, sympa non ?!
Derrière la chapelle, la Vallée des Etançons.
Une des auberges-refuges de la Bérarde.
La montagne vous tend les bras...
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On papote encore jusqu’à St-Christophe-en-Oisans / la Ville puis on se concentre sur les 2 portions pentues. La descente est un vrai plaisir. Les deux petits coups de culs (rappel, il y avait 2 petites descentes à l’aller) sont avalés sans difficultés. Puis c’est le long faux-plat descendant final, Michel embraye, wouah la caisse, j’ai un mal fou à le suivre, moi et mon style vélo-diesel je serais jamais un grand rouleur !
On se quitte à la bifurcation Bourg-d’Oisans - Briançon. Je lui donne RDV sur mon site - Michel, si tu lis ces lignes, fais-moi un coucou ! - et lui souhaite bonne continuation pour rentrer. Pour avoir fait un peu plus tard lors de mon séjour la montée de Fréney-d’Oisans à Auris-en-Oisans, j’aurais du lui souhaiter plutôt bon courage ! En tout cas, un rencontre sympathique comme en propose ce type de sortie.