Au pied du Barrage du Verney.
Mes 2 ascensions du jour : en face le Collet de Vaujany, dans le creux à droite le Col du Sabot.
Sur le Barrage du Verney : vue sur la Grande Lance d'Allemont (alt. 2842 m).
Les lacets du Barrage du Verney. En bas et un peu au-dessus : Allemond.
Sur le viaduc qui enjambe une partie du Lac du Verney.
La route s’élève dans une large boucle à gauche qui contourne l’imposante usine électrique de l’Eau d’Olle pour atteindre une bifurcation : tout droit c’est le Col de la Croix de Fer, à droite, c’est la montée vers Vaujany et le Col du Sabot.
La route - d’ailleurs appelée “Route du Col du Sabot” - se cabre d’emblée ! Pas le choix, c’est tout à gauche et je mouline pour digérer les 4,7 km à près de 9% de moyenne. La déclivité ne descend jamais sous les 8%, elle me scie un peu les lombaires. Heureusement, la route est étalée sur plusieurs lacets et passe par de jolis hameaux - Rif-Jany, la Condamine, Pourchery, le Perrier - et c’est peu après ce dernier que la pente faiblit un peu - 7,5% - jusqu’à l’entrée de Vaujany.
Une très jolie chapelle dans la montée vers Vaujany.
Un lacet dans la montée vers Vaujany.
Je suis sur la bonne route !
Route et tunnel côte à côte à l'entrée de Vaujany. On peut s'amuser à emprunter le tunnel.
Une belle église m’accueille, puis le village qui est en fait une station-dortoir de l’Alpe d’Huez. La liaison est assuré par un gigantesque téléphérique (le Téléphérique du Dôme des Petites Rousses) qui tracte 2 énormes cabines pouvant contenir jusqu’à 160 personnes jusqu’à 2817 m d’altitude. Des chiffres vertigineux et une prouesse technologique malheureusement endeuillée par la mort de 8 personnes en 1989 lors des phases d'essais après une chute de la cabine de 200 mètres… je ne vous fais pas un dessin !
La partie ancienne de Vaujany. Tout à gauche, la première rampe du Collet de Vaujany.
Dans la montée de Vaujany, en se retournant : le Massif du Taillefer.
Au-dessus de la Station de Vaujany, on peut voir les Rochers Rissiou.
La Station de Vaujany.
Je fais d’ailleurs une pause juste à côté de la gare pour observer la bête en action. Impressionnant et en plus ça monte assez rapidement je trouve.
La monstrueuse télécabine de Vaujany.
Cabine en route vers les cimes...
Elle va monter tout là-haut à plus de 2000 m d'altitude !
Je reprends mon destrier et traverse Vaujany, la station est assez jolie et bien agencée, il y a un petit replat que je déguste mais la pente reprend ses droits en passant par le hameau de la Villette avec du 9%. A la sortie du hameau, il y a un croisement avec un parking donnant accès à des terrains de tennis. Et bien, il faut le savoir, je viens d’empocher un col pour le compte du CCC : il s’appelle sobrement le Collet (alt. 1400 m) mais il ne faut pas le confondre avec l’autre Collet (alt. 1700 m) que je ferai après le Col du Sabot. D’où une certaine confusion entre ces 2 collets pour l’appellation “Collet de Vaujany”. En tout cas, j’ai du mal à évaluer géographiquement ce collet mais bon je prends quand même et le mets dans ma musette de chasse aux cols !
La Cascade de la Fare.
A la sortie de Vaujany.
La Villette.
Le Collet (alt. 1400 m).
A partir du Collet, la route du Col du Sabot file à gauche et c’est le début de la partie pastorale. Il reste 7,6 km et 700 m de dénivelé positif à plus de 9% de moyenne. Ces derniers chiffres me font un peu peur d’autant qu’un invité surprise va compliquer grandement le final de cette ascension hors catégorie !
C'est le début de la Route pastorale du Col du Sabot.
Petite route de montagne pour moi tout seul !
Vue sur la Vallée de Vaujany. Au centre, la Cascade de la Fare.
Une succession de jolis lacets me permet de m’élever rapidement en altitude même si je grimpe tranquillement. Je profite de la beauté du paysage : Vaujany tout en bas qui rapetisse petit à petit, sur le flanc Ouest, le Rissiou (alt. 2622 m) et ses rochers et sur le flanc Est, la Côte Belle. C’est entre ces 2 montagnes que la route du Col du Sabot se faufile. Malgré le fait qu’on a toujours un regard sur la civilisation qui se trouve en bas de la vallée, cette route pastorale assez étroite, en cul de sac et dont le revêtement se dégrade de plus en plus au fur et à mesure de la montée révèle un caractère solitaire et sauvage, la montagne étant pratiquement vierge de tout ouvrage construit par l’homme. De plus, il n’y a quasiment personne… ah si, une voiture me dépasse, ce sont des touristes qui feront juste l’allée-retour jusqu’au Col du Sabot, pourquoi se taper cette montée pour redescendre aussitôt ?! Je vais vite le comprendre ! Un cyclo me double, je ne l’avais pas vu arriver… je le salue… à l’accent de sa réponse, je devine que c’est un Italien… il file, trop rapide pour ma vitesse diesel !
Un lacet dans le Col du Sabot.
Au centre, le Collet est déjà tout petit en contrebas après quelques lacets...
Au centre, le Dôme des Petites Rousses (Alt. 2810 m).
Pile au centre, le Col du Sabot !
Ca grimpe !
Petit coup d'oeil en arrière sur les Massifs des Écrins et du Taillefer.
Vue sur les Petites Rousses.
Puis après 2 km d’ascension de cette partie finale, l’air se rafraîchit soudainement… il fait beau, pas de nuages menaçants au-dessus de ma tête… mais un vent, très fort, vient me happer… glacial ! Voilà mon invité surprise ! J’enfile ma veste manche longue… et je vais me coller pleine face un vent hurlant jusqu’au Col du Sabot puisque c’est de là qu’il se déversait ! Après un lacet, il y a une longue ligne droite d’un kilomètre à… 11,5%. Avec le vent de face, je serre les dents… terrible ce passage ! Je me console en observant la prochaine série de lacets - magnifiques - qui se trouvent en avant sur ma droite.
Il va falloir grimper ce gros talus.
La Côte Belle où sont cachés les derniers lacets du Col du Sabot.
Après un long moment… j’atteins la dernière série de lacets qui vont m’emmener au Col du Sabot, la voiture que j’ai croisée auparavant redescend, les touristes m’adressent des encouragements, sympa, ça me redonne un peu d’énergie. La route devient de plus en plus défoncée mais à vélo, ça passe sans problème, il faut juste faire attention aux vaches qui ruminent au bord de la route ou bien qui la traversent nonchalamment. Les lacets se montent plus ou moins difficilement, dans un sens, le vent de dos me pousse hardiment, dans l’autre sens, le vent de face, me ralenti considérablement. Je jette un dernier coup d’oeil à Vaujany, minuscule tout en bas de la vallée puis je m’apprête à affronter la dernière ligne droite.
Un aperçu sur ce qui adéjà été gravi... incroyable !
Des touristes !
Sans commentaire !
Le vent était de la partie !
Les Rochers Motas.
Barrière canadienne.
Le vent rugit de plus en plus fort, j’ai l’impression d’être dans une turbine d’un Airbus 380 ! Je me mets debout sur les pédales pour pouvoir avancer, je veille aussi à garder mon équilibre lorsque des rafales tentent de me faire tomber, je slalome pour éviter un gros trou qui faisait la moitié de la route, je croise le cyclo italien qui amorçait sa descente, le Col du Sabot est de plus en plus proche… je crie de rage face au vent déchaîné, je ne me laisserais pas abattre… ça y est, j’ai enfin atteint le Col du Sabot à 2100 m d’altitude !
Wouaaaaaaaah !
En se retournant, vue sur la dernière rampe.
Toujours en se retournant, les derniers mètres...
Y'a foule, on m'aclame ! Bèèèè, bèèèè !
Mesdames, messieurs... le Col du Sabot !
Ce 2000 m’a coûté cher ! Le combat a été rude, je ne sais comment l’apprécier… je vais vite le découvrir… il fait beau mais le coin est glacial, j’enfile en plus mon coupe-vent, ouf c’est mieux. Le Col du Sabot est très particulier, il est en forme de V très étroit. Il fait quelques dizaines de mètre de long, le vent s’y engouffre comme un forcené. Puis je découvre une vue IN-CROY-ABLE ! Face à moi, le Lac de Grand-Maison avec son barrage et la montée du Col de la Croix de Fer, le Massif de Belledonne, les Aiguilles de l’Argentière, puis au-dessus du Col du Glandon, plein centre… le Mont Blanc ! Mais je dois interrompre ma contemplation, je fais demi-tour, traverse à nouveau le col puis je me prends une autre claque ! Wouaaah, une vue SU-BLI-ME sur la vallée de la Romanche jusqu’à Grenoble et tout au fond, bien visibles, les Massifs de la Chartreuse et du Vercors ! Là, on se sent presque sur le toit du monde, d’autant qu’on peut voir la magnifique succession de lacets du Col du Sabot jusqu’à Vaujany et le Lac du Verney tel une goutte d’eau tout en bas de la vallée. Un cyclo arrive et repart aussitôt car il n’a rien pour se protéger du vent glacial qui sévit toujours. Dommage, tous ces efforts pour ne pas profiter de ces beaux points de vue.
Altitude : 2100 m.
On peut suivre à pied un petit sentier pour découvrir d'abord les Aiguilles de l'Argentière...
... le Lac de Grand Maison...
... puis plein centre : le Mont Blanc !
Je m’abrite derrière un rocher pour manger tranquillement une pâte de fruit… je prends encore quelques photos puis c’est reparti dans la descente pour enchaîner avec mon prochain objectif, le Collet de Vaujany.
En se retournant, vue sur le Col du Sabot. La voiture appartient au berger.
La descente est belle mais prudente, la chaussée dégradée étant nettement défavorable dans ce sens ! Pendant celle-ci, je tergiverse un peu : la terrible ascension du Col du Sabot a largement entamée mes forces, la matinée est bien avancée, le Collet de Vaujany ne va pas être une mince affaire : en partant de Vaujany, il est court - moins de 5 kilomètre - mais intense avec une moyenne de… 10,5% ! Allez, courage et je me dis que je n’aurais pas beaucoup d’occasion de le faire une autre fois. Je traverse la station de Vaujany, m’amuse à passer sous un court tunnel (la route extérieure passe juste à côté) qui se trouve juste à la sortie du village puis attaque la rampe à droite qui file au Collet de Vaujany.
Retour à Vaujany pour attaquer la montée du Collet de Vaujany.
Contrairement au Col du Sabot, il n’y a pas du tout de vent, les pentes étant orientées plein sud, c’est plutôt la fournaise ! Les premiers hectomètres ne sont pas trop durs - environ 7 / 8% mais à la sortie du premier des 9 lacets, la pente se fait plus acérée… je ne descendrais quasiment plus sous les 9% ! Rhaaa, j’ai chaud, j’ai gardé stupidement mon coupe-vent mais je n’ai plus la force de m’arrêter, juste de quoi avancer… mon moral est en berne, pour la première fois depuis le début de mon séjour, mes jambes répondent difficilement, mes reins sont en compote, je fais une overdose de ces dures pentes de l’Oisans… je vous dévoile une statistique : Sur toutes les ascensions que j’ai faites pendant mon séjour, 93 km ont été réalisés sur des pentes à 8% et plus !!! L’Oisans est magnifique mais il faut payer pour voir !
Je souffre donc, je passe en mode "je ne flancherais pas" qui réussit à me faire avancer mètre par mètre, les points de vue sont plus rares pour se distraire, j’ai l’impression que ces 5 kilomètres en font le double… put… quand est-ce qu’il arrive ce Collet ! Et il arrive enfin ! Je ne m’arrête pas, je poursuis encore 200 m pour atteindre le point final de la route (qui possède d’ailleurs un bon revêtement). Une énorme masse de béton recouvre la cheminée d’équilibre d’une profondeur de 200 mètres de hauteur qui sert d'anti-bélier à la conduite d’eau reliant le Barrage du Verney à celui de Grand-Maison. On ne voit rien du tout mais on devine une énergie incroyable enfouie dans la montagne.
Plus tard, beaucoup plus tard : le Collet de Vaujany (alt. 1700 m).
On peut aperçevoir sur l'autre versant de la Vallée de Vaujany, l'Enversin d'Oz près de 600 m plus bas.
La cheminée d'équilibre du Lac de Verney.
En se retournant, petite route menant à la cheminée d'équilibre.
Je retourne au Collet - altitude 1700 m - il y a un petit parking qui donne sur une vaste terrasse… je pose mon vélo, je m’approche… et là triple claque ! Un panorama 180° E-POUS-TOUT-FLANT ! Du Massif des Grandes Rousses au Massif de Belledone en passant par les Massifs des Ecrins et du Taillefer ! Pas moins de 2 tables d’orientation détaillent tous les sommets et points notables de ce panorama. Voilà une belle récompense pour tous les efforts consentis dans cette dernière ascension ! La montagne est dure mais peut te donner en échange de magnifiques instants !
Le devoir accompli - avec le plus gros dénivelé positif (1897 m) de mon séjour et 3 cols dans mon escarcelle - je profite à fond d’une belle descente pour rejoindre la Vallée de l’Oisans.
Le dernier lacet menant au Collet de Vaujany.
Panorama 5 étoiles !
Massif des Grandes Rousses.
Le Lac du Verney, la Vallée de la Romanche, le Massif des Ecrins.
Début de la Chaîne de Belledonne avec la Grande Lance d'Allement.
Tout est indiqué ici...
... et ici encore !
Pile entre les 2 sapins dans le V à l'envers : le Col du Sabot !
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Demain, ce sera journée OFF, enfin pas tout-à-fait puisque je ferais une très belle balade avec ma petite famille dans la Vallée de la Bérarde. Le lendemain, je vais m'offrir une sortie en VTT... elle sera extraordinaire avec deux 2000 : le Col St-Georges (2245 m) et le Col du Souchet (2365 m).