Pour cette sortie, j’allais avoir deux points à gérer : le premier était la Tramontane qui était de la partie (comme souvent lors de mon séjour) et j’allais la déguster d’une incroyable façon. Le second était le fait que j’allais me coltiner une douzaine de kilomètre à l’aller et au retour pour faire la liaison entre St-Cyprien et la sortie d’Argelès Plage qui est le pied du Massif des Albères. Pour des raisons logistiques, je ne pouvais prendre la voiture pour m’avancer, mon épouse faisant parfois les courses pendant que je fais mumuse (!) ou bien pour pouvoir venir me chercher en cas de défaillance (!!!). Cela réduisait la possibilité de faire une boucle plus « montagneuse » mais je devais faire avec.
A la sortie d'Argelès Plage, vue sur les premiers sommets du Massif des Albères.
A la sortie d’Argelès Plage, la circulation devient plus calme et la montée commence très rapidement. J’emprunte les premiers hectomètres de la D114, route panoramique qui longe le front de mer en direction de Collioure. La pente est douce - 4 à 5% maxi - mais j’avais prévu de prendre un tracé plus confidentiel que j’avais repéré sur une carte IGN. Équipé de mon application Sity Trail installé sur mon smartphone – système de guidage GPS qui allait beaucoup me servir lors de mon séjour et m’aider à m’orienter très facilement sur de nombreuses petites routes –, je guette la petite route qui va me mener au pied de mon premier col. Dans un rond-point qui fait la jonction entre la D114 et la N114 (interdite aux vélos), je la débusque et c’est parti pour mon premier raidard pyrénéen.
Le clinomètre affiche rapidement un 13% et il faut le tenir durant un bon kilomètre. J’atteins le haut de cette première bosse et je me paye une jolie vue. J’allais m’en offrir des dizaines lors ce cette sortie ! Cette petite route domine la N114 et on commence à bien percevoir le front de mer qui va jusqu’à Perpignan.
Premier raidard Pyrénéen au-dessus de la N114. On aperçoit déjà le littoral...
Je poursuis mon chemin, ça descend aussi sec ! Je sens que le profil de cette sortie ne va pas être de tout repos… Je déboule sur un rond-point que je quitte aussitôt pour prendre une petite route sur ma droite et qui va m’emmener à mon premier col. Elle est très agréable, le revêtement est très correct, la pente tranquille dans les 5% maxi et se transforme en route-balcon permettant de découvrir un magnifique panorama sur Collioure et la Mer Méditerranée. Un vrai plaisir pour les yeux et cela durera tout le long de ma balade !
Collioure et la Mer Méditerranée.
Le Massif des Albères, du vignoble partout et la N114 qui s'enfonce dans la montagne.
Dans la montée du Col d'en Calbo, on peut voir le Col de la Serra.
Dans la montée du Col d'en Calbo, on peut aussi voir le Col de Mollo.
Dans la montée du Col d'en Calbo.
J’atteins rapidement mon premier col, celui d’en Calbo – 163 m. Bien sûr, sur la carte IGN, la plupart des noms sont en catalan, donc pour celui-ci c'est Coll d'en Calvó. Vu son altitude modeste, il est difficile d’imaginer que l’on a pris de la hauteur. Et bien détrompez-vous, du col, la terre descend abruptement vers la mer, c’est le ravin direct, les sommets environnants culminent quand même à près de 800 m, la route est souvent construite en lacets et à flanc de roche, tous ces éléments donnent donc une impression d’altitude.
Le Col d'en Calbo.
Jusque là, la Tramontane m’avait été favorable mais pour la suite, elle allait me jouer de sacrés tours ! Je file chasser mon second col en aller-retour sur une toute petite route. Facile, c’est quasiment plat mais au détour d’un virage, orienté Nord-Ouest, je me prends une méchante rafale de Tramontane qui me fait presque tomber ! Il me faut jouer l’équilibriste une cinquantaine de mètres pour qu’elle lâche prise ! La route étant étroite et bordée par un ravin, je ne suis pas rassuré mais me voilà prévenu pour la suite de la balade !
Je pointe mon second col, le Col de l’Arquette – 175 m (Coll de l'Arqueta). Comme pour le premier, pas de panneau. Ce sera souvent le cas, heureusement je les avais bien positionnés sur mon application GPS. Autre point notable concernant les cols catalans, ils sont quasiment tous occupés par une propriété privée immortalisée par un gros portail avec un gros cadenas ! Je n’ai jamais vu ça dans les Alpes ou les Vosges, étonnant !
Aller-retour au Col de l'Arquette.
Le littoral vu depuis le Col de l'Arquette.
Demi-tour donc, je repasse prudemment mon lacet, fait une pause photo car la vue est incroyable : je peux voir le front de mer jusqu’à Perpignan, c’est comme si on voyait nettement un bout de la France se dessiner sous ses yeux et autrement que sur une carte ! Il y a aussi du vignoble à perte de vue qui met en valeur le paysage. Je rejoins le Col d’en Calbo, prends à droite pour continuer à grimper. J’enchaîne quelques lacets, à chaque virage, je serre un peu plus mon guidon en prévision d’une rafale.
La route est assez étroite mais le revêtement est très correct, c’est une route touristique mais peu de voitures s’y risquent car les croisements sont compliqués donc tranquillité garantie pour les cyclos ! Bon, si ma femme devait venir me chercher en cas de problème, c’est la crise assurée ! Bon je n’en mènerais pas large non plus, ayant serré un peu les fesses lors d’une balade voiture dans le Col Fourtou (Massif du Canigou) que j’ai faite lors de mon séjour, j’avais même dû faire une manœuvre compliquée avec une voiture que je ne pouvais croiser !
C'est pour tout à l'heure en fin de parcours...
Un lacet dans la montée du Col de de Cassagne.
M’amusant à moitié à cette pensée, je franchis mon troisième col, le Col de Cassagne – 225 m (non indiqué sur IGN, répertorié dans le guide du Chauvot). Enfin franchir est un grand mot, le col se situe dans un lacet et constitue en une légère dépression du terrain. Je continue même de grimper pour découvrir un peu plus haut le même type de col avec mon quatrième col, le Col de la Ruine – 265 m (lui aussi non indiqué sur IGN, répertorié dans le guide du Chauvot). Pas de ruine en vue mais il est peuplé de ces étranges arbres liège qui partagent le terrain avec le vignoble dans ce Massif des Albères.
Au Col de Cassagne - 225 m - un camion me pouurit la photo !
Le lacet qui se trouve juste au Col de Cassagne.
Peu après le Col de la Ruine – 265 m.
On grimpe encore un peu... wouaaah le panorama !
A gauche, le littoral qui remonte vers Perpignan et Collioure un peu vers la droite.
La route continue à grimper, c’est très agréable, la déclivité ne dépasse jamais les 6%… ha ha ha, c’est ça, ces terribles pentes pyrénéennes ! Elles ne manqueraient pas de me le rappeler lors d’autres sorties ! Pour l’instant, tout va bien, je franchis le cinquième col, celui de la Serra et le plus haut de cette balade avec 344 m. Bon, celui-là, franchement je n’arrive pas à le voir au niveau géographique, il y a un chemin rocailleux qui monte le long d’une paroi rocheuse, je n’ai pas trop envie d’y aller pour voir plus haut, mais il y a quand même un petit panneau avec le nom du col et après vérification sur le site du CCC, je suis passé au bon endroit.
Au Col de la Serra - 344 m.
J’entame maintenant une petite descente, je m’arrête un peu plus plus loin, pour prendre des photos du superbe panorama sur Collioure et puis en jetant un coup d’œil en arrière, il me semble mieux distinguer le Col de la Serra. Le chemin rocailleux menait à un mas planté au milieu du col (voir photos ci-dessous). Je poursuis ma descente et débouche rapidement sur mon sixième col, le Col de Mollo – 229 m (Coll de Molló). De nombreux points particuliers sont à relever pour ce col très marqué. C’est la charnière entre les vallées de Collioure/Port-Vendres et de Banyuls. Au col, la route touristique file sur une route vertigineuse vers la Tour Madeloc perchée à 656 m d’altitude. A la vue de cette belle montée, je suis tenté de la faire en aller-retour mais un gros problème me fait hésiter, voire renoncer rapidement : la Tramontane souffle violemment à cet endroit. L’orientation de la route, la géographie des lieux font que toutes les conditions sont réunies pour que je ne sois plus à l’abri du vent. Vu la force de ce dernier, je n’allais pas me risquer à une plus haute altitude… d’ailleurs la suite du parcours allait même être un peu délicat.
En allant vers le Col de Mollo.
Asphalte impeccable mais la route n'est pas très large.
J'étais de l'autre côté un peu plus tôt.
En se retournant, on distingue bien mieux le Col de la Serra !
Le Col de Mollo en vue.
Un panneau ! C'est assez rare pour le souligner !
La Tour Madeloc. Là-haut, il doit y avoir des rafales de vent à près de 100 km/h ! 700 ans qu'elle tient debout !
Col de Mollo - panorama Nord.
Col de Mollo - panorama Sud.
Col de Mollo - panorama Est. Tout en bas, Collioure.
Je prends la direction de Port-Vendres… la route emprunte une sorte de crête où j’allais être ballotté dans tous les sens ! Cela devient dangereux, je décale et commence à descendre au ralenti. Je franchis très facilement mon septième col, celui de Mala Cara – 210 m. Je continue, le vent se transforme en tornade puis en ouragan. Je mets pied à terre et suis obligé de descendre au moins 200 m en agrippant le vélo pour éviter qu’il s’envole ! Je n’ai jamais vu ça ! Incroyable, c’est un peu effrayant et enivrant à la fois, je me prends en vidéo selfie et m’amuse à faire gonfler mes joues avec le vent ! Je pense que je j’étais proche de ce que peut ressentir un parachutiste lorsqu’il est en chute libre !
Col de Mala Cara - 210 m.
Col de Mala Cara - 210 m.
Le Fort Saint-Elme, c'est pour tout à l'heure.
En allant vers le Col Perdigue... ça souffle fort !
Le Puig de les Daines - 333 m.
Rochers déchiquetés par le vent !
Port-Vendres.
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Port-Vendres.
Je reprends très prudemment ma descente, la vue est très sympa juste au-dessus de Port-Vendres. Je vais empocher assez facilement mes 8ème et 9ème col, respectivement celui de Perdigue – 125 m (Coll Perdiguer) et celui de Mig – 105 m (Coll del Mig ou Coll del Mix). Ce dernier me permet de jeter un coup d’œil vers le sud, notamment sur l'Anse de Paulilles, un bout du littoral qui a été entièrement restitué à la nature en 2008.
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Au Col Perdigue, vue au Nord sur la Mer Méditerranée.
Le seul truc bien moche du parcours.
La route que je viens d'emprunter, quasiment personne !
Observez bien ces arbres... aucun n'est droit, c'est le vent qui donne leur forme tordue !
Je me rapproche de Port-Vendres.
Je distingue aussi bien mieux le Fort St-Elme perché au-dessus de Port-Vendres.
On ne voit pas souvent ce type de panneau !
Au Col del Mig - 105 m.
Le vent a sculpté la forme des arbres !
Au Col del Mig.
Vue sur le port de Port-Vendres.
La route des crêtes débouche sur mon dixième col, le Col de las Portas (Coll de les Portes). C’est le plus bas de ma série d’aujourd’hui avec ses 77 m mais le vent s’y engouffre avec férocité. Je me fais d’ailleurs régulièrement cingler par des giclées de sable ! Je souhaite aller en face pour prendre des photos mais je dois patienter 2 bonnes minutes car ce col est franchi par la N114 (de nouveau autorisé aux vélos) qui relie Argelès-sur-Mer à la frontière espagnole et la circulation y est dense. Je couche mon vélo par terre. Je voulais l’adosser contre un panneau métallique mais ce dernier est secoué comme un cocotier ! J’ai un mal fou à prendre correctement des photos tellement le vent me fait perdre mon équilibre ! Dingue !!!
Du Col de la Portas, on peut aperçevoir le Fort Béar (alt. 206 m) mais c’est un domaine militaire et son accès est interdit. Les grimpettes sont légions dans le coin, je vais aller me défouler sur la suivante. Pour cela, je descends à Port-Vendres mais au lieu d’aller jusqu’au port, je prends une petite route à gauche qui va me faire remonter illico-presto ! Je reprends vite de l’altitude et j’ai à nouveau une belle vue sur le port de Port-Vendres. Je roule au milieu des vignes. Par contre, je suis très surpris que des parcelles soient en vente, non pas pour les exploiter mais pour y construire des immeubles ! La course à l’immobilier dans cette région me dégoutte fortement. Dans quelques années, le béton remplacera la nature, tout ça pour avoir vue sur la mer ! Mais ce qui fait le charme de cette vue, c’est aussi son environnement !
Au Col de las Portas - 77 m.
Col de las Portas - vue sur le Sud.
Col de las Portas - vue sur l'Ouest avec la Tour Madeloc tout là-haut.
Col de las Portas - vue au Sud avec l'Anse de Paulilles.
Col de las Portas - vue à l'Est sur le Fort Béar.
Sur la route du Fort St-Elme. Vue sur le Massif des Albères et la Tour Madeloc.
Je suis un peu à l’abri du vent car j’enroule une petite montagne qui domine le Vall de Pintes où 2 tunnels ont été percés, un pour la N114 et l'autre pour le train. La route est assez étroite et dans un état épouvantable cette fois-ci, je dois même la partager avec un train touristique que je croise bien sûr ! Je me range sagement sur le côté pour le laisser passer.
Fort St-Elme en vue, la route est dans un état épouvantable !
Du vignoble à perte de vue !
Malgré ses 6-7%, l’ascension se passe bien. Son point culminant est atteint au pied du Fort Saint-Elme - alt. 170 m (restauré en 2008 et ouvert au public). Cette fois-ci, j’ai droit à une magnifique vue sur le port de Collioure. Bien sûr, le vent a refait son apparition et c’est galère pour prendre des photos, j’en fais même plusieurs pour être sûr d’en avoir des nettes ! Un cyclo est arrivé en même temps que moi. On reprend ensemble le même chemin. C’est un américain, avec mon abominable anglais on arrive à causer, très sympa, il vient du Texas, il me demande s’il y a tout le temps du vent comme ça, je l’informe qu’il y en aura encore pendant 2 jours !
Fort St-Elme.
Photo de Collioure d'après un cadrage du peintre Henri Matisse.
On voit le fameux cadre, à droite le cyclo américain que j'ai rencontré.
Le Fort Dugommier.
On arrive rapidement sur le 11ème et dernier col de mon parcours, le Col d’en Raxat – 185 m (Coll d'en Raixat). Encore une vue magnifique sur Collioure, ayant quelques photos à prendre, je salue mon Américain, lui dit d’être prudent et lui souhaite bon vent. Ce dernier est toujours de la partie et il rugit bien fort à cet endroit. J’attaque doucement la descente. Cette dernière est incroyablement raide. En fait, c’est pratiquement 150 m de dénivelé en moins d’un kilomètre ! Le calcul est vite fait, c’est du 15% ! Je grimperais ce raidard sur la fin de mon séjour, non pas à vélo… mais avec le train touristique ! Spectaculaire d’ailleurs, ce dernier – avec 5 wagons - a même réussi à passer un lacet qui devait être dans les 20%, le chauffeur s’amusant même à faire semblant de caler à l’amorce du virage !!!
Au Col de d'en Raxat - 185 m.
Je plonge dans Collioure, me retrouve au niveau de la gare SNCF puis enchaîne avec une dernière montée pour me hisser au-dessus de la ville et retomber sur la D86. Ouf, le plus gros du dénivelé est fait. Si on enlève les parties plates à l’aller et au retour entre St-Cyprien et Argelès Plage, c’est pas moins de 1110 m de D+ répartis sur 20 km. Jusqu’à Argelès Plage, malgré la descente je suis obligé de pédaler, hé oui je me retrouve avec la Tramontane dans le nez ! Elle souffle quand même moins fort au niveau de la mer, je rentre les épaules et adopte un rythme régulier pour rentrer à St-Cyprien sans trop souffrir.
Collioure et en arrière-plan la plage d'Argelès.
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