Le dernier souvenir que j'avais du col du Petit-st-Bernard était celui où 10 ans plus tôt, j'avais effectué la montée en... voiture ! Mais le temps n'était pas beau et nous avions terminé au milieu du brouillard !
Donc, dès le lendemain de ma première ascension de Montchavin, c'est avec un esprit de découverte que j'attaquais ce 2000 mètre. Départ tranquille de Landry le matin à la fraîche. Je décide de prendre la piste cyclable qui longe l'Isère jusqu'à Bourg-st-Maurice. Avant de rejoindre le centre de la ville, je me tape un bon petit coup de cul d'environ 500 m à 8/9% ! Bref, de quoi s'échauffer et me rappeler qu'il y a toujours des petits efforts à fournir avant d'attaquer réellement un col.
Juste à la sortie de Bourg-st-Maurice, on se coltine une bonne rampe vers Séez, un petit replat dans le bourg puis direction à gauche toute, tout en notant que la route de droite mène vers le fameux col de l'Iseran mais ce sera pour plus tard.
La pente est assez soutenue. Depuis Bourg-st-Maurice, ce sera 4 km à 8%. Mais il y a plusieurs lacets, la route est très agréable et serpente entre prés et les jolis villages de Villard Dessous et Villard Dessus. Le temps est ensoleillé et il y a une belle vue sur Bourg-st-Maurice et le bassin de Séez.
La pente se radoucie. Je me sens en forme mais je sens une petite douleur au fond de la gorge, je le paierai cash plus tard et en 2 temps.
Les jambes tournent bien et les points de vues sont nombreux tout au long de l'ascension qui oscille entre 3 et 5% mais la route est longue, il ne faut pas oublier qu'il y a quand même 26,5 km d'ascension.
J'arrive à la station de la Rosière (1805 m) après déjà 17,5 km d'ascension (sans compter la liaison de Landry à Bourg) et les choses vont se dégrader sur plusieurs points.
Il reste 10 km à parcourir avec encore environ 400 mètres de dénivelé... et une altitude qui va passer de 1800 à près de 2200 mètres, deux facteurs importants.
A la sortie de la Rosière, rien de bien méchant, la déclivité étant entre 3 et 4% mais les jambes tournent moins bien, je me sens un peu fatigué bien que je me sois alimenté correctement tout au long de l'ascension. Et un peu de chance quand même : un vent arrière m'aide à aller de l'avant bien que je le constaterais seulement au retour car il fallait pédaler pour redescendre !
Le col est en pointe de mire et semble assez proche mais tout est souvent trompeur dans cette situation. Je jette un coup d'oeil à mon compteur, il reste encore quelques 8 km. Je me sens bien fatigué mais ce ne sont pas les symptômes de la fringale. Je prends donc un tout petit rythme régulier et poursuis mon ascension. Plusieurs cyclos me doublent comme des dragsters. Peu importe, je reporte mon regard sur la vue magnifique sur le Sommet des Rousses (2878 m) et la pointe de Lancebranlette (2936 m).
J'enroule les lacets qui contournent l'ancien Hospice du Petit-st-Bernard. La route mène tout droit vers le col encadré par les postes de douanes France-Italie. Ca y est, Saint-Bernard et ses 2188 m sont atteint. Un peu cuit mais très content.
Le panorama est superbe, un peu gâché un peu par une énorme ligne électrifiée qui fait la jonction depuis Bourg-st-Maurice vers l'Italie. Fait un peu particulier de ce col : on a la possibilité d'aperçevoir la ville de Bourg-st-Maurice tout en bas, la plupart des cols n'offrant souvent des vues que sur les montagnes et aucun signe de civilisation.
Retour au campement. Comme je l'ai évoqué plus haut, un bon vent m'oblige à pédaler jusqu'à la Rosière mais c'est une bonne grosse descente avec ces 1492 mètres de dénivelé !
Dans l'après-midi, ce n'est pas du tout la forme, j'ai mal à la gorge et j'ai un peu de fièvre. Docteur le lendemain matin, diagnostique : une angine blanche ! Ce qui expliquera ma baisse de régime dans la dernière partie de l'ascension. Quelle galère, il me reste pas mal d'objectifs (5) à boucler... je me cale au fond de mon transat et broie du noir...
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